Élucubrations

   À la suite d’une avarie du suppositoire de mon sous-marin, j’ai dû sauter en parachute pour échapper à une collision avec la mauvaise foi du Premier Ministre.
Je me suis retrouvé un peu sonné sur une plage du Sahara. Il neigeait et la visibilité était en colère quoiqu’un soupçon de calendrier parfumait l’ambiance.

   J’ai cueilli deux théorèmes que j’ai mangés sans sel et sans plaisir, et à peine eus-je parcouru trois haricots verts que j’ai été bousculé par un escargot apparemment pressé d’assister à l’auscultation du pendentif de la cathédrale.
La foule se pressait dans la poubelle et me laissait le champ libre pour m’extasier dans la profondeur du couloir hygiénique. Malheureusement, lorsque j’ai vérifié la présence de mon traumatisme dans son étui, il avait disparu, sans doute lors de la bousculade. J’ai imaginé que l’escargot m’avait volontairement percuté pour me le voler et s’en faire un philosophe à géométrie variable. Son absence arpentait tous mes projets et j’allais devoir faire preuve de beaucoup de magnésium pour échapper à la mécanique ondulatoire.
Enfin parvenu dans l’équinoxe du vampire, j’ai confié ma mémoire à l’académicien de service qui m’a salué comme si nous nous connaissions depuis au moins. Oui, j’exagère, mais il n’y a aucun doute, et on se demande pourquoi. C’est tout le problème de la difficulté trépidante entre lui. Il faut parfois admettre que chacun de nous ne peut pas faire autrement que de subjuguer des choses identiquement différentes, sauf les jours de pénurie d’épicurisme où le crépuscule boit des cocktails philanthropiques. Mais c’est une autre histoire qu’il faudra évoquer en zigzaguant.
J’avais donc perdu la mémoire et les paradoxes sentaient tellement mauvais que la clameur de la rue me focalisait avec une indécence digne des transparences cérébrales. Mais j’y étais habitué depuis qu’un orifice nucléaire s’était introduit dans la nageoire du capitaine des pompiers en passant par le vide-ordures. Ça avait d’ailleurs provoqué un véritable scandale et le chef de la parcimonie avait dû démissionner sur le champ. Je fus d’ailleurs nommé pour le remplacer, ce qui explique qu’à l’heure actuelle les asticots se révoltent encore régulièrement contre les murs du lycée, ce qui amuse toujours la belle-mère du curé de la paroisse.
Sans mémoire ni traumatisme, je devais absolument rejoindre mon correspondant astral avant la prochaine nuit de pleine lune qui était prévue avant-hier. Il me restait donc suffisamment de temps et si tout vomissait, j’aurais peut-être le loisir de disjoindre la valeur ajoutée du sarcophage avec mon pétrolier géant échoué dans ma boîte d'allumettes au nord du ventilateur idéologique. Heureusement, j’avais appris à nager avec un professeur de vestibule sourd et muet qui avait fui les hiéroglyphes indiens au moment de la grande crise de nerfs. J’étais donc paré à toutes les éventualités, sauf peut-être aux deux premières avant Jésus-Christ.
J’ai allumé ma flamme perpendiculaire en direction de la piscine à névroses et rapidement j’ai atteint les globules incandescents des prières cosmiques.
Mais revenons à ma mission. Oui, revenons-y !
Voilà, nous y sommes !
J’avais atteint le potiron sismique de mon objectif la veille au soir, et après avoir passé une partie de la nuit à observer les allées et venues de mes ennemis immobiles à l’aide de mes lunettes à vision lactique achetées chez le plus grand lunetier de l’univers : Ah ! le flou, je me suis dissimulé derrière l’hémisphère carcéral d’un requin marteau complètement fou qui venait d’épouser un fou de bassan complètement marteau. J’étais prêt à l’attaque. Je n’avais pas d’autre choix étant donné que je m’étais fait repérer à cause du bruit du pétrolier dans ma boite d'allumettes qui n’arrêtait pas de se marrer parce que la marée montante lui chatouillait les aisselles.
Mes deux ennemis étaient alignés en rang par quatre sur la barrière de corail et sous les ordres d’un tatou végétarien. C’est ainsi qu’est organisée leur société : ou t’as rien ou t’as tout ! Si t’as rien, tu végètes à rien, mais si t’as tout t’as tous les atouts. On appelle ça le partage flou, ce qui n’a absolument rien à voir avec le lunetier évoqué précédemment… bien que…
Craignant d’être fait prisonnier, j’ai effacé toutes les données de mon caramel mou.
Le soleil cognait fort et réciproquement.
J’allais enfin savoir si Harry Potter a voté pour Barack Obama ou pour Nabila. À cause de l’intensité de mes émotions provoquées par le résultat des élections états-uniennes, la tension était à son comble jusqu’à ce que le cheval de bataille s’ébroue dans le caniveau en faisant un bruit de chasse d’eau en état d’ivresse.
Le tatou profita de la distraction ainsi provoquée pour lever le bras et ordonner l’attaque.
C’est à ce moment que je me suis aperçu que mon panthéon était troué jusqu’aux os. Il était hors de question que je combatte ainsi. Vainqueur ou vaincu, je serais la risée de tous les futurs élèves si j’apparaissais dans cette tenue dans les livres d’histoire. L’autre là, le bon roi Dagobert qui avait mis sa culotte à l’envers a été ridiculisé pendant des siècles et je n’avais pas l’intention de le détrôner. Comme je ne pouvais pas non plus affronter mes ennemis sans panthéon, je n’ai pas hésité une seule seconde, mais au moins quinze ou vingt, avant de décider à l’unanimité de moi-même de garder mon panthéon et d’envoyer uniquement les trous en réparation.
C’est au moment où le préposé de la poste m’a demandé si je voulais un envoi en recommandé que le camion des éboueurs de 17h47 qui était sans arrêt jusqu’à la gare d’Avout m’a roulé dessus à l’intersection de la théorie du chaos et de la marche funèbre de Chopin. Du coup, j’ai récupéré mon traumatisme.
Après m’être relevé indemne mais un peu émoustillé par la vue du pot d’échappement du camion, j’ai regagné au loto, deux fois. La première fois j’ai gagné du temps, et la seconde fois j’ai gagné à être connu.
Mes ennemis avaient commencé égoïstement la bataille sans moi, et je les ai rappelés à l’ordre. À l’ordre de qui ? nul ne le sait, mais cela suffit à les faire fuir juste avant que je sois assailli par une nuée de mouettes dérangées par les rires du pétrolier dans ma boîte d’allumettes. Il s’agissait de mouettes d’une espèce assez rare appelée la mouette échandon (1).
Les oiseaux commencèrent à me dévorer les lèvres, et les yeux, puis le cou, et la tête, alouette.
Alouette, gentille alouette,
Alouette, je te plumerai.
Je te plumerai la tête.
Je te plumerai la tête.
Et la tête ! Et la tête !
Alouette, Alouette !

   Ainsi, après un combat intense durant lequel j’avais prouvé toute ma vaillance, je fus enterré avec les honneurs et sans trou à mon panthéon.
Ma réputation était sauve.


1 – Mouette Échandon : je certifie n’avoir perçu aucune somme d’argent du producteur de champagne MOËT & CHANDON. Ce nom totalement inventé m’est venu à l’esprit par pur hasard et n'a pas de vocation publicitaire. Toutefois, si un représentant de la marque me lit, il peut considérer que je suis prêt à toutes les négociations qui pourraient avoir lieu.  

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