Ah, te voila Printemps ! J'ai passé des mois à t'attendre !
Des martins-pêcheurs facétieux cousent le soleil dans l'azur.
Le ruisseau flâne dans son lit et fait du charme aux pousses tendres.
Les belles ont des idées coquines... mais il est temps que je censure.
Comme Narcisse qui se mire,
De l'aube claire au crépuscule,
Sur le rivage le saule admire
Son reflet que les vagues ondulent.
C'est l'hiver, c'est la mort, le monde glacé se désole.
La glace a recouvert l'étang comme on scelle une nécropole.
Le vieux saule se cristallise sous le vent glacé de Norvège.
Et le soleil rasant des aurores fait miroiter la neige.
Le petit bois prend des couleurs et tristement perd sa ramure.
Mais tendrement la fée des brumes veille sur lui et ses murmures.
On s'endort au fond de l'étang, tandis que là-haut en surface
Les feuilles mollement prodiguent leurs langoureux baisers de glace.
Dans la clarté morne et blafarde un oiseau cherche l'asile de nuit
Dans ce monde en démolition, d'où lentement la vie s'enfuit.
Bien avant moi tu vins t'épanouir sur la rive
du fleuve capricieux où tu puises ta force.
J'aime ton bruissement et celui de l'eau vive,
et sentir sur mes paumes ta fraternelle écorce.
Les ruisseaux, les rivières ont pris un air fripon,
un pinson sur sa branche nous fait le cœur joyeux.
Je connais un endroit au-delà du vieux pont
où nous pourrons cueillir un peu de cresson bleu.
Vivaldi au printemps charme les hirondelles
Ton être file et vole en déployant ses ailes
Mais la belle en passant te foudroie d'un sourire
Et t’enchaîne tel Ulysse à l’impétueux désir
Comme en l'honneur de Bach débute le prélude
Dans la volupté calme et la béatitude
Les baisers, les caresses viennent et vont crescendo
Imitant de Ravel, l'incessant Boléro
Puis naît la symphonie sur vos draps anarchiques
Quand vos deux corps en chœur jouent la même musique.
Enfin l’Amour Sorcier s'invite et guide le jeu
Comme De Falla jouant l'ardente Danse du feu
D'appels en convulsions le plaisir vous inonde
Vous submerge et vous noie de ses vagues profondes
Puis la musique s'apaise et redescend l'archet
quand la partition meurt en murmures apaisés
La lave qui couve au creux de ses entrailles
bouillonne et gronde, au moindre mot jaillit
et de sa langue de feu, détruit, brûle et assaille
Sans pitié, sans remords, jamais elle ne faillit
Elle souffle ses tempêtes et se rit du marin
qui désarmé chavire dans l’inégal combat
Elle n’accorde aucune grâce et comme une reine enfin
se rit de Loth et sans se retourner s’en va
Elle feule son désir et ouvre grand ses cuisses
Accueillant sans vergogne celui qu’elle a choisi
Unique vainqueur parmi les cœurs en lice
De qui elle ne tolère ni faiblesse ni répit
Elle allume le brasier qui entière l’illumine
Elle flamboie et arrache les lambeaux de la nuit
Et se laisse enivrer par sa folie divine
qui sans relâche à jamais la poursuit
Elle est fille de la brise et mère de l'ouragan
Elle a l'éclat de l'or ou la noirceur des armes
Elle produit des frissons à secouer les volcans
Elle porte en son sein le bonheur et les larmes
Sa bouche est écarlate et souffle la folie
Ses crocs sont acérés pour dévorer les êtres
Sa gorge impitoyable sonne l'hallali
De l'esclave soumis dont elle devient le maître
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